Faites-vous partie des 15% de personnes dans le monde qui souffrent de migraine ? [1]
Cette maladie neurologique se manifeste par des crises plus ou moins répétées de maux de tête, qui ont un réel impact négatif sur la qualité de vie.
Si vous êtes concerné, vous comprenez de quoi je parle : les week-ends gâchés, le besoin impérieux de se coucher dans le noir pendant plusieurs heures, les proches qui ne comprennent pas toujours…
Finalement, il arrive qu’à la douleur s’ajoute la souffrance psychique.
Mais cette douleur n’a rien d’une fatalité. Vous n’êtes pas obligé de laisser déborder le vase (je vous explique tout plus bas).
Au delà des prises en charge médicamenteuses, il existe des solutions naturelles, fiables et durables. Je voudrais vous parler, ici, d’une méthode qui fait ses preuves pour vous libérer et soulager vos migraines naturellement : l’hypnose.
Les questionnements sont nombreux autour de l’hypnose. Pourtant, c’est un état que vous connaissez bien et dans lequel vous vous trouvez chaque jour ! Voyons ça de plus près.
Migraine ou céphalée ?
Le terme de « céphalée » signifie « mal de tête ». Et il en existe plus de 200 sortes !
La migraine, elle, a des caractéristiques bien précises [2].
Tout d’abord la migraine appartient au groupe des céphalées primaires, c’est-à-dire qu’elle n’est pas liée à une cause locale ou à un choc physique (cela écarte les maux de tête liés à cette rencontre douloureuse avec un poteau dans la rue).
La migraine évolue par crises récurrentes. Les crises se répètent mais entre-temps, elles vous laissent tranquille. Si elle n’est pas traitée, la crise migraineuse dure entre 4 et 72 heures.
Pendant une crise vous devriez repérer au moins deux des caractéristiques suivantes :
- elle est unilatérale (à droite ou à gauche, mais parfois les 2 quand même),
- pulsatile (vous sentez votre pouls battre dans la zone douloureuse),
- d’intensité modérée ou sévère (la douleur ne fait pas semblant d’être là !),
- et s’aggrave avec les activités physiques de routine (comme porter les courses ou monter les escaliers).
À cela s’ajoute :
- soit des nausées et/ou vomissements (cela ne compte pas si vous avez mangé un yaourt avarié),
- soit une sensibilité forte à la lumière et/ou au bruit (photophobie ou phonophobie pour les adeptes du jargon).
Enfin, (au cas où tout ça ne suffirait pas) dans 20% des cas, la migraine s’accompagne de ce que l’on appelle une aura : des troubles visuels, sensitifs ou même du langage qui apparaissent avant la douleur.
Migraine : qui est concerné ?
Longtemps on a pensé que la migraine ne concernait que les femmes. Pourtant, les hommes aussi peuvent être touchés, même s’ils sont effectivement moins nombreux que les femmes (20% des femmes sont affectées, contre 10 % des hommes) [1]. De plus, on considère qu’environ 5% des enfants non pubères souffrent de migraines, bien que les symptômes diffèrent un peu en termes de localisation et de durée.
Tous les mécanismes de la migraine ne sont pas encore connus. Mais, de façon très schématique, chez les personnes migraineuses, certains neurones vont s’activer plus fort et plus rapidement que la moyenne. Cela va entrainer la dilatation et l’inflammation de certains vaisseaux cérébraux et c’est cette inflammation qui est responsable de la douleur ressentie.
Cette excitabilité neuronale anormale est liée à des prédispositions génétiques. Encore faut-il que des facteurs environnementaux viennent activer ces neurones.
La crise migraineuse : comment ça marche ?
Pour qu’une crise migraineuse se déclare, il faut que des facteurs déclenchant viennent activer ces neurones un peu trop susceptibles.
Qui sont ces agitateurs ?
- Il peut s’agir de variations hormonales (ce qui explique que les femmes sont plus susceptibles de souffrir de migraines);
- d’un changement de rythme dans les activités (vous connaissez la migraine du week-end ?);
- d’un manque ou d’un excès de sommeil (oui, parfois la grasse matinée n’est pas bonne pour vous );
- de modifications dans la fréquence et la qualité des repas (le barbecue entre copains comme le jeûne peuvent vous jouer des tours );
- ou encore de changements dans votre environnement impliquant les sens (des odeurs fortes, une lumière particulière…) ou les émotions (qu’elles soient agréables ou désagréables).
C’est souvent le cumul de ces facteurs qui va entraîner une crise de migraine.
En fait, c’est un peu comme si vous aviez un vase un peu trop petit dans la tête. Ce vase représente votre tolérance aux changements physiques et psychologiques dans votre vie quotidienne. Il se remplit au fur et à mesure de votre journée ou de votre semaine. Et lorsqu’il déborde, la douleur sert de signal d’alarme.
Il n’existe pas encore de traitement permettant de guérir de la migraine. Toutefois, un médecin peut vous proposer des médicaments permettant d’apaiser les crises de migraine. Si les crises restent fréquentes, un traitement de fond vous sera sans doute proposé. L’inconvénient étant que tout traitement médicamenteux a des effets secondaires.
Éviter le trop-plein, sans s’enfermer dans sa grotte : comment faire ?
Certaines personnes vont finir par éviter les facteurs déclenchant pour ne pas subir ces crises migraineuses. La stratégie est plutôt bonne… Si on est d’accord pour vivre en ermite !
Il existe heureusement d’autres possibilités.
L’Agence Nationale d’Accréditation En Santé (ANAES) a reconnu les bienfaits des techniques psychocorporelles sur des patients migraineux. Ces techniques ont en effet en commun de permettre une meilleure gestion du stress.
Plus spécifiquement, différentes études montrent l’intérêt de l’hypnose dans la prise en charge de la migraine. Par exemple, une étude menée en 2001 a montré que l’hypnose, relayée par l’auto-hypnose, permettait d’obtenir des résultats très positifs pour deux tiers de « cas rebelles » [3].
Une solution naturelle : l’hypnose, comment ça fonctionne ?
En hypnose, on n’agit pas directement sur la cause physiologique de la migraine (souvenez-vous, la cause physiologique ce sont les neurones qui s’excitent un peu trop). On travaille sur la douleur elle-même (l’hypnose est connue pour permettre une analgésie ) et sur une nouvelle gestion des facteurs déclenchants.
Dans un cadre bienveillant, calme et sécurisant, le praticien en hypnose vous accompagne dans un état hypnotique pour retrouver une détente physique et psychologique. Vous savez ! Ce moment où votre attention s’envole pour vous laisser divaguer au beau milieu d’un repas, d’une réunion, parfois même au volant de votre voiture. C’est ça un état hypnotique.
Dans cet état de conscience modifiée, vous pourrez modifier l’intensité de la douleur, jusqu’à la faire disparaitre. Plusieurs techniques sont possibles. L’une d’elles consiste à utiliser une métaphore représentant votre ressenti et à « jouer » avec cette image.
Un de mes clients m’a décrit sa migraine tel « un cerveau rétréci qui vient taper à l’intérieur du crâne comme un tilt de flipper ». Dans ce cas précis, nous pouvons suggérer pendant l’état hypnotique que le cerveau reprend sa taille normale et vient se caler tranquillement contre l’intérieur du crâne, tapissé d’un revêtement doux et agréable. Et ainsi, le ressenti étant associé à la métaphore, la sensation douloureuse se dissipe.
Mais ça ne s’arrête pas là !
La prévention des crises permet d’en diminuer la fréquence. Vous pourrez faire connaissance avec vos limites et vos besoins pour apprendre à moins solliciter vos mécanismes de suradaptation.
Souvenez-vous, la douleur existe pour nous prévenir que quelque chose ne va pas. En intégrant cela, vous pourrez envisager de retrouver un équilibre de vie satisfaisant.
Vous pourrez arrêter de faire déborder le vase, et même apprendre à le vider régulièrement. Dans tous les cas, la première étape est de prendre conscience que vous n’êtes pas obligé de subir ces migraines !
Soulager la migraine soi-même, c’est possible ?
En apprenant l’auto-hypnose vous devenez autonome dans la gestion de vos migraines.
Vous pourrez moduler l’intensité de la douleur en imaginant par exemple un bouton de volume de radio. Si vous réussissez à maintenir un certain niveau de douleur et à l’augmenter (bon, dit comme ça, ça peut paraître un peu masochiste), alors vous serez aussi capable de diminuer cette sensation désagréable. Voire de la mettre à zéro.
Vous pourrez visualiser vos vaisseaux sanguins trop dilatés et les imaginer revenir à un calibre tout à fait normal et confortable.
Vous serez en mesure de retrouver, chaque fois que vous en aurez besoin, une sensation de calme et de sérénité associée à votre « lieu ressource » construit lors des premières séances d’hypnose.
L’hypnose contre la migraine, c’est pour qui ?
Vous vous demandez si vous êtes réceptif à l’hypnose? C’est une question légitime. Pourtant, comme dit plus haut, vous pratiquez une forme d’auto-hypnose plusieurs fois par jour.
Vous connaissez bien ce moment entre la veille et le sommeil qui vous échappe au moment où vous en prenez conscience. Ces moments d’absence, de rêverie lorsque vous conduisez ou lorsque vous êtes totalement absorbé par un livre ou un film et que vous n’entendez plus ce qu’il se passe autour.
Dans ces moments-là, vous êtes en transe hypnotique !
Votre cerveau s’accorde comme une pause, dans un état hypnotique léger, ce qui est d’ailleurs nécessaire à son bon fonctionnement.
En séance, il se peut que vous ne perceviez pas tout à fait ce changement d’état de conscience qui peut être très léger, ou que vous n’y parveniez pas car il peut-être déroutant de se laisser aller.
Il sera alors nécessaire de travailler la confiance avec la personne qui vous accompagne et vous souvenir que c’est vous qui restez maître à bord puisque c’est vous qui décidez d’entrer comme de sortir de la transe hypnotique, pas votre hypnologue !
En général, il faut entre 3 et 8 séances d’hypnose pour soulager la migraine et se sentir la tête plus légère. Ce travail vous amènera à mieux vous connaître et à pratiquer l’auto-hypnose pour un bien-être durable.
Alors, à vous de jouer !
Références
[1] Selon un dossier de l’Inserm réalisé en collaboration avec Radhouane Dallel publié le 23/06/17; https://www.inserm.fr/dossier/migraine/
[2] D’après les critères de l’International Headache Society
[3] Violon A, L’apport de l’hypnose dans le traitement de la migraine. Rev Med Suisse 2001 ; volume 3
[…] comme ça que j’ai vu une cliente qui décrivait sa migraine comme une éponge, commencer à l’essorer avant de la faire s’évaporer. Et repartir […]