Il y a quelques jours, en écoutant l’une de mes connaissances parler de son sentiment d’illégitimité dans ses fonctions de magistrate, j’ai réalisé à quel point le fameux phénomène de l’imposteur peut toucher à peu près n’importe qui… de compétent !
En effet, cette personne est brillante. Elle a été diplômée de l’École Nationale de la Magistrature deux ans avant la plupart des autres candidats. Depuis presque 20 ans, elle assure ses missions dans différents changements de fonctions, aussi bien au civil qu’au pénal. Elle est reconnue et fait même l’admiration de ses pairs et collaborateurs.
Elle dirige une équipe de plusieurs personnes, prend des décisions significatives et rend, chaque semaine, des avis importants pour les citoyens.
Mais au fond d’elle, elle doute. Elle a peur d’être démasquée, peur que quelqu’un se rende compte qu’en fait elle est incompétente.
Rien de rationnel là-dedans.
La plupart du temps elle arrive à tenir cette peur à distance – souvent en redoublant d’efforts et de travail – mais parfois ça l’envahit et elle se retrouve au fond du trou.
Elle est coincée entre sa motivation à progresser, à faire de son mieux (voire parfait), à réussir; et une petite voix qui lui dit qu’elle n’est pas capable, qu’elle n’est à son poste que grâce à la chance et qu’elle ne le mérite pas.
Et vous, êtes vous un imposteur?
La psychologue Pauline Rose Clance, qui a co-inventé le terme de « phénomène de l’imposteur », a développé un test pour aider les personnes à savoir si elles présentent ou non des caractéristiques du syndrome de l’imposteur et, surtout, à quel point elles en souffrent.
Si vous souhaitez savoir si vous êtes un véritable imposteur ou si, au contraire, vous souffrez du phénomène de l’imposteur, vous pouvez compléter cette Échelle sur le site du Dr Clance (en anglais) ou en suivant ce lien (en français).
Ressentir un syndrome de l’imposteur c’est être persuadé(e) que l’on doit réussir et en avoir peur, c’est redouter l’échec, c’est se comparer trop souvent aux autres en se focalisant sur ce que l’on fait « moins bien », c’est se sentir différent, ne pas reconnaître ses succès, c’est avoir peur de ne pas être accepté(e) tel(le) que l’on est.
Ce syndrome ne s’immisce pas forcément dans tous les aspects de la vie de celui qui en souffre, si bien que son estime de soi peut être fluctuante.
Se sentir légitime
Régulièrement dans mon cabinet je reçois des gens qui souffrent de se croire des imposteurs : ce chercheur en chimie persuadé d’être nul à côté de ses pairs, cette cadre qui s’épuise à faire avancer les choses au sein de l’association à mission sociale dans laquelle elle travaille, cette infirmière expérimentée et bienveillante qui n’ose pas utiliser les nouvelles connaissances qu’elle a acquises de peur de ne pas faire « parfait ».
La bonne nouvelle, c’est que, pas à pas, ils apprennent à reconnaître leurs qualités et compétences, à faire la distinction entre ce qu’ils font et ce qu’ils sont pour apprendre à s’accepter inconditionnellement, à repérer quand leur syndrome de l’imposteur vient les saborder, à ne plus craindre et à relativiser « l’échec », pour progressivement vivre plus sereinement.
Alors si vous aussi vous vous dites que vous n’avez avancé dans la vie que grâce à la chance, que vos succès ne sont pas mérités, que tôt ou tard vous allez être démasqué(e), et que vous en souffrez, sachez que vous n’êtes pas seul : comme je vous l’ai dit, je suis cernée d’imposteurs 😉
Mais surtout, n’attendez pas d’être épuisé(e) ou complètement déprimé(e) pour prendre soin de vous : demandez de l’aide.
=> Pour en savoir plus vous pouvez lire Se libérer du syndrome de l’imposteur de Kévin Chassangre et Stacey Callahan (disponible en poche à 7€90).
