Passage à vide ? Prenez conscience de vos saisons intérieures pour mieux les vivre

Je ne sais pas pour vous, mais moi, je suis en plein hiver.

Je ne parle pas de la saison qui, dans l’hémisphère nord de notre belle planète, commence le 21 décembre. Non. Je parle de cette période à l’intérieur de moi où il n’y a pas beaucoup de lumière, où il fait froid et que le peu d’énergie qu’il me reste est plutôt triste.

Quand je suis dans cette période, je me sens nulle, fatiguée, déprimée et inutile. Et franchement, avant de croiser la route d’Hudson (ou plutôt sa roue), cet état pouvait me faire carrément flipper !

Grâce à Hudson, maintenant je sais repérer cette phase particulière et faire en sorte de la vivre au mieux.

Je vous raconte comment.

Le changement, partout, tout le temps

Hudson (1934-2015), Frederic de son prénom, est un des précurseurs du coaching aux Etats-Unis.

Il fait partie de ces personnes qui ont compris que la vie n’est pas une ligne droite. L’être humain traverse une multitude de transitions au cours de sa vie. Il apprend et désapprend pour réapprendre d’autres choses. Autrement dit, le changement est partout, tout le temps (rien à voir : je vous recommande de regarder le film « Everything, everywhere, all at once »).

D’après ce cher Frederic Hudson, en prenant conscience de nos modes de fonctionnement, nous pouvons mieux comprendre nos comportements et ainsi les améliorer ou en adopter d’autres plus adaptés.

Et pour nous y aider, il a modélisé le changement en repérant 10 étapes que l’on traverse à chaque transition de vie professionnelle ou personnelle (j’y reviendrai plus en détails dans un autre article). Ces étapes sont regroupées en 4 phases, qui peuvent servir de repères pour mieux vivre les changements.

Je vous propose de jeter un œil sur ces 4 phases avant de nous arrêter plus particulièrement sur celle qui nous concerne aujourd’hui.

La roue d’Hudson ou les 4 saisons

Donc Hudson, en observant comment fonctionne le changement chez l’être humain, a repéré que l’on vit cycliquement des phases que l’on peut métaphoriquement comparer aux quatre saisons.

D’abord il y a ces périodes délicieuses où nous sommes pleins d’une énergie haute et positive. Comme la nature en été. On se sent aligné. On a pu faire des projets personnels ou professionnels et les réaliser. Tout nous réussit.  Cette première phase pleine d’enthousiasme et de succès, Hudson l’appelle la phase de lancement.

Je me souviens que, lorsque je me suis inscrite aux diverses formations qui me permettraient de devenir coach et hypnologue, j’étais aux anges ! J’ai adoré apprendre plein de nouveaux concepts et découvrir des gens passionnants. Une nouvelle vie professionnelle se dessinait pour moi et, chaque jour je sautais du lit avec le sourire.

J’ai commencé à sauter beaucoup moins vite de mon lit lorsque j’ai pris conscience que je devais enfiler la casquette d’entrepreneuse ! Je pouvais m’agacer franchement en faisant les démarches administratives et je commençais à douter de ma capacité à mener à bien mon projet.

J’entrais dans ce qu’Hudson appelle la phase de désynchronisation que l’on peut comparer à l’automne. Elle correspond à ce moment où on se rend compte de ce qui n’allait pas dans la phase précédente et qu’on ignorait jusque-là. On a toujours beaucoup d’énergie, mais on peut se sentir agacé, déçu ou frustré. On sent que des changements sont nécessaires sans vraiment savoir lesquels.

Parfois, il suffit d’une restructuration rapide pour retourner en été (un peu comme si vous viviez sous les tropiques). C’est ce que j’ai pu faire au moment de la création de mon entreprise : j’ai demandé de l’aide et mon énergie est retournée vers le positif !

Parfois, on ne trouve pas quels ajustements faire alors on glisse vers la 3^ème phase.

En hiver – ou phase de désengagement – le peu d’énergie qu’il nous reste est négative. On peut se sentir rejeté, sans motivation ou découragé. C’est un peu comme si on devait renoncer à quelque chose. On a juste envie de se replier sur soi en mode « cocooning ». Mais j’y reviens un peu plus bas.

Pour l’instant, retenez que cette phase est nécessaire pour avancer vers la dernière phase qui est celle de la réintégration.

À la sortie de l’hiver, l’énergie est toujours basse mais montante et beaucoup plus positive. L’envie est revenue. Cette phase est comme le renouveau du printemps ! On se sent plus sereins, plus en paix. On perçoit de nouveau ce que l’on souhaite et cela nous permet de retourner dans la première phase, en été.

C’est ce que j’ai vécu lorsque j’ai décidé de devenir coach de vie et hypnologue après une longue période de doute. J’avais retrouvé le goût de tester de nouvelles choses et d’explorer une voie qui avait du sens pour moi. J’ai expérimenté mes nouvelles compétences auprès de « cobayes consentants » (que je remercie une fois encore pour leur confiance) et me suis sentie fière et à ma place (et ça c’est super chouette à vivre!).

L’hiver : saison rude mais essentielle

Je reviens à ce paysage hivernal dans lequel je vis en ce moment.

C’est un paysage que je connais pour l’avoir déjà traversé. Avant de choisir de faire de l’accompagnement ma profession, je n’avais aucune idée de ce que je voulais ou pouvais faire pour me reconvertir.

Je ne voyais que du gris et des arbres sans feuilles perdus dans le brouillard. J’avais froid. Je me sentais coupée du monde. C’était comme si j’étais figée sur place, incapable d’avancer. Je me rendais bien compte qu’il fallait que j’opère un changement profond et que je prenne des risques. Mais je n’en avais pas la force et je me sentais découragée.

Je ne savais plus où j’en étais.

Et puis, progressivement, je me suis rendu compte que mon monde ne s’était pas effondré. Certes les arbres avaient perdu leurs feuilles, mais ils étaient toujours vivants. En fait, c’était juste une phase.

Alors, aujourd’hui, comme je sais que je suis en hiver et que j’ai déjà traversé une phase comme celle-là (quand je dis « une » je veux dire « plein »), je commence par accepter cette période.  Et, quitte à me sentir coupée des autres, je prends le temps de l’introspection. Je fais une pause.

Je me (re)questionne sur ce qui est vraiment important pour moi. Qu’est-ce que je veux ? Est-ce que mes valeurs et mes croyances sont toujours les mêmes ? Quels sont mes objectifs ? Vers où ai-je envie d’aller ?

En même temps, je fais en sorte de récupérer de l’énergie. Je fais attention à dormir suffisamment. Je me fais des petits plaisirs. Et surtout je me rappelle qu’après l’hiver, vient le printemps !

Quelle est votre météo intérieure ?

Les changements ont lieu en permanence, que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur de nous. On peut observer les phases qui rythment ces changements à l’échelle d’une vie, avec les étapes les plus marquantes. Ou à l’échelle d’une journée durant laquelle on passe successivement de l’agacement automnal dans les transports, au froid d’une déception au boulot, puis au réchauffement procuré par le soutien d’une collègue, pour terminer sur un bel été après avoir trouvé la solution d’un problème. On peut aussi voir ces changements au niveau des différents domaines de notre vie. Ainsi on peut être en hiver d’un point de vue personnel (juste après une rupture) et en plein été du côté professionnel (en récoltant les fruits d’un travail difficile). Parfois on passe par les 4 saisons, parfois on saute de l’automne à l’été, en évitant les rigueurs de l’hiver.

Un peu comme les bulletins météorologiques nous permettent de faire un choix entre maillot de bain et passe-montagne, en apprenant à repérer dans quelle « saison » de la roue d’Hudson on se situe, on peut faire en sorte de mieux vivre celles qui sont désagréables et de prolonger celles que l’on apprécie.

Prenez l’habitude de vous questionner régulièrement :

• Quelle est ma météo intérieure ?
• À quelle phase de la roue de Hudson cela correspond-il ?
• De quoi ai-je besoin pour vivre cette phase au mieux ou pour passer à la suivante ?

Ce qui est précieux, c’est de comprendre que chaque phase de changement nous permet d’avancer. Nous vivons de nombreux débuts et de nombreuses fins. Il est donc important de revoir régulièrement les choix que l’on a pu faire pour vérifier qu’ils nous correspondent toujours. Et l’hiver est la saison idéale pour ça.

Quelques conseils pour profiter de votre hiver intérieur

Si vous êtes dans cette phase de désengagement, rassurez-vous. Cela arrive à tout le monde et c’est même utile (attention quand même, si ça dure, consultez votre généraliste préféré pour écarter un problème somatique ou une dépression) !

Alors, comme on enfile des vêtements chauds pour sortir se balader dans la neige, lorsque vous êtes dans en plein hiver intérieur :

• Prenez le temps de prendre soin de vous et ne faites que le juste nécessaire:
  • Dites systématiquement non aux sollicitations énergivores (oui, pour une fois, vous pouvez refuser la réunion de vente à domicile de votre voisine).
  • Laissez ce qui n’est pas urgent ou pas important de côté, vous y reviendrez plus tard. La priorité c’est de retrouver de l’énergie et de la motivation.
  • Faites des choses qui vous ressourcent: dormez, mangez sainement (sainement ça va avec délicieux), lisez, offrez vous un massage, allez marcher dans un bel endroit, invitez une amie chère à boire une tisane avec vous, regardez votre film préféré, etc.
    Je vous conseille de vous faire une liste de ce qui vous fait du bien quand vous êtes en pleine forme et de bonne humeur, pour ne pas avoir à y réfléchir lorsque vous êtes dans une période plus difficile.

• Faites le point sur ce qui est important pour vous:
  • Quelles sont les valeurs qui vous tiennent le plus à coeur ?
  • Quels sont vos besoins fondamentaux ?
  • Faites la liste des 100 choses que vous aimeriez faire avant de mourir.

• Osez demander de l’aide:
  • Dites à ceux en qui vous avez confiance (amis, collègues, famille) que vous êtes en période hivernale (en leur expliquant un peu le concept!). Il est probable que vous obtiendrez du soutien ou, tout au moins, que l’on vous laissera un peu plus tranquil(le)!.
  • Si cela ne suffit pas, consultez un professionnel qui vous accompagnera selon vos besoins.

• Rappelez-vous que, bien qu’elle soit désagréable à vivre, cette phase prépare le terrain pour un renouveau:
  • Ecrivez ce que vous ressentez. Poser des mots sur ce que l’on éprouve aide à prendre du recul et à accepter qu’en ce moment bah… c’est pas la joie!
  • Félicitez vous de ce que vous parvenez à faire malgré tout.
  • Essayer de trouver chaque soir 3 choses agréables qui se sont passées dans votre journée (un beau lever du jour, un message sympathique, etc).

Et gardez en tête que quoi qu’il arrive, après l’hiver, le printemps pointera ses bourgeons !

Votre vie est un voyage à travers le temps, il n’y a ni point d’arrivée, ni fin durable. Profitez- en ! Vous êtes constamment en mouvement.

Frederic Hudson et Michael Brown