Sylvie RAUWEL « Nul ne peut être heureux s’il ne jouit pas de sa propre estime. »
— J.J. Rousseau (bien avant l’invention des selfies).
Je suis plutôt d’accord avec Jean-Jacques : si vous considérez que la personne avec laquelle vous passez H24, 7j/7, 365 jours par an depuis votre naissance (pour ceux qui ne voit pas de qui je parle: c’est vous) ne vaut pas grand-chose… Ça risque de plomber un peu l’ambiance, non ?
Mais c’est quoi une bonne estime de soi ?
Comment l’améliorer si elle est basse ? Comment la stabiliser si elle a tendance à faire les montagnes russes ?
Et est-ce que les gens qui ont une bonne estime d’eux sont tous des crâneurs ?
Je vous propose de voir tout ça ensemble.
L’estime de soi c’est quoi ?
La définition de l’estime de soi a évolué au cours du temps, ainsi que les notions conceptuelles qui s’y rattachent. Je vous propose de nous arrêter sur celle que donne le Petit Larousse de la psychologie :
« L’estime de soi est l’attitude plus ou moins favorable envers soi-même, la manière dont on se considère, le respect que l’on se porte, l’appréciation de sa propre valeur dans tel ou tel domaine. »
En résumé, c’est la valeur que je m’attribue.
Un peu comme si vous étiez votre propre maison en vente, et que vous deviez en estimer le prix. Sauf qu’au lieu de parler isolation ou cuisine équipée, il s’agit d’évaluer des qualités, des compétences, et votre façon d’être au monde.
Si cela vous tente, je vous propose de faire un test pour évaluer votre estime de vous ici.
Confiance en soi ou estime de soi ?
Bien souvent on parle de confiance en soi pour évoquer l’estime de soi. Ces deux notions sont effectivement liées et pourtant bien différentes
Pour faire simple, l’estime de soi est un cocktail composé de trois ingrédients :
- L’image de soi. C’est la perception que j’ai de moi-même. C’est-à-dire comment je me vois (et pas seulement dans le miroir), comment je pense être perçu(e), et comment j’évalue mes qualités et mes défauts (dimension cognitive).
- L’amour de soi. C’est la valeur inconditionnelle que je me donne, au-delà de mes réussites ou échecs. C’est l’idée que je m’accepte tel(le) que je suis, avec mes forces et mes faiblesses et que je me traite avec respect et bienveillance (dimension affective).
- La confiance en soi. C’est ma capacité à reconnaître mes compétences et à avoir confiance dans le fait de pouvoir les utiliser pour agir efficacement, à affronter des situations difficiles, à prendre des décisions et à atteindre des objectifs (dimension comportementale).
Très vite on peut se rendre compte que ces trois composantes de l’estime de soi exercent une influence les unes sur les autres. Si je m’accepte, j’agis plus facilement. Si j’agis, je me vois plus positivement. Et ainsi de suite.
D’où vient l’estime de soi ?
Ce qui est sûr c’est que l’on ne naît pas avec une certaine estime de soi (ce serait trop simple !). Au contraire, celle-ci se construit et se développe de façon dynamique à partir :
- Du regard des autres (parents, profs, collègues, voisins, chats…),
- De nos comparaisons avec notre « moi idéal » ou avec les personnes que l’on admire (Meryl Streep en ce qui me concerne),
- De nos expériences de vie (avec les échecs aussi !).
Parce que nous avons incorporons les opinions des autres à notre perception de nous-même, le regard d’autrui est un facteur puissant d’une bonne ou mauvaise estime de soi. Si le regard que mon entourage porte sur moi est valorisant (ou que je l’interprète comme tel), mon estime aura tendance à augmenter. Au contraire, moqueries et humiliations risquent de me faire croire que je n’ai que peu de valeur (ce qui explique les dégâts que peuvent faire les réseaux sociaux).
De la même façon, si j’ai un idéal de moi très éloigné de ce que je suis (ou pense être) mon estime de moi va en souffrir. J’aurais beau avoir des succès, s’ils ne correspondent pas à mes ambitions, je m’attribuerais peu de valeur (je vous remets une couche à propos des réseaux sociaux ?). Au contraire, si j’ai appris à valoriser mes succès, à m’appuyer sur mes compétences et que je sais être bienveillant(e) avec moi-même, alors je consolide une bonne estime de moi.
Alors évidemment, l’environnement joue un rôle clé. Plus mon entourage me sécurise et me renvoie des informations fiables sur moi-même, et plus mon estime sera solide. Si je suis critiqué(e) en permanence, mon estime aura du mal à grandir.
Mais la bonne nouvelle, c’est que rien n’est figé. Même si votre enfance ressemblait plus à un film des frères Dardenne qu’à une série feel-good, vous pouvez rebâtir une estime solide. Ça demande un peu de boulot, mais ça vaut le coup !
Pourquoi c’est (vraiment) important ?
Avoir une bonne estime permet :
- D’être assertif ; c’est-à-dire de s’affirmer posément, sans écraser les autres.
- D’agir ; sans craindre l’échec (ou les commentaires désagréables du grand-oncle).
- De s’accepter tel que l’on est avec ses qualités, ses limites et ses défauts (le petit gras en forme de bouée ou la tendance à parler trop vite inclus)
- De se sentir utile et compétent ; donc de trouver sa place dans le monde.
Sans cela, on peut être tenté(e) de modifier notre discours en fonction de nos interlocuteurs. Parce que l’on va chercher leur approbation plutôt que d’affirmer notre point de vue personnel. On osera aussi moins parler de soi et mettre ses qualités en avant (dommage pour l’entretien d’embauche ou pour aborder cette personne qui nous plait tant !).
Une personne qui a une basse estime d’elle risque aussi de rencontrer des difficultés à faire des choix ou d’hésiter à passer à l’action (bonjour procrastination !). Elle sera aussi plus facilement influençable puisqu’elle n’a pas confiance en son propre jugement. Elle abandonnera plus vite si elle n’obtient pas l’aval ou l’approbation de ceux qui la regarde faire.
Et surtout, lorsque l’on a une basse estime de soi, il est souvent plus difficile de savourer les bons moments ou de se réjouir d’une réussite. Parce que l’on doute de notre capacité à faire face aux aléas de l’existence, on a tendance à anticiper la fin de ces instants heureux.
Est-ce qu’avoir une bonne estime de soi rend prétentieux ?
Je pense qu’à ce stade vous avez la réponse : non, une bonne estime ne fera pas de vous un crâneur ou une crâneuse !
La prétention, est souvent le masque de ceux qui surcompensent une estime instable.
À l’inverse, avoir une bonne estime de soi permet justement d’être intègre, sans avoir rien à prouver aux autres. On sait ce que l’on vaut : inutile de le crier sur tous les toits (ou sur les réseaux sociaux ;)).
Et surtout, quand on s’aime bien, on a moins peur des autres. Moins besoin de les critiquer, de se comparer ou de dominer. On peut débattre sans agresser ou chercher à imposer nos opinions.
Bref, avec une estime de soi haute et stable, je peux m’attacher à vivre avec les autres avec respect pour eux comme pour moi.
S’estimer… et avancer
En résumé, une bonne estime de soi permet d’avancer dans la vie en étant soi-même.
C’est là que je rejoins ce cher Rousseau : une bonne estime de soi c’est la base d’une vie satisfaisante. Grâce à elle nous pouvons avoir des relations saines, prendre des décisions, nous affirmer et même réussir nos projets.
Alors si vous voulez la voir grandir, même si vous n’avez pas été bercé(e) par les compliments dès la maternelle, prenez en soin comme d’une plante. Avec du travail pas à pas, de la bienveillance, et un peu de lumière (intérieure), vous la verrez fleurir. Et la bonne nouvelle, c’est que plus vous la renforcez, plus vous avez envie de continuer.
Dans les prochains articles, on va plonger plus en détails dans chaque composante : image de soi, amour de soi, confiance en soi. Ce sera l’occasion de vous proposer de petits exercices pour commencer à les améliorer.
Alors ? Motivé(e) à travailler sur votre estime de vous pour vous assurer d’être en charmante compagnie toute votre vie ?
